« Sell in may… » Et après ?

Par Guillaume Brusson, gérant de portefeuille chez WiseAM

Bien aidé par la réactivation du compte twitter le plus célèbre de la planète en début de mois, l’adage qui fonctionne plus ou moins selon les millésimes a cette fois été respecté. Les principales places boursières mondiales ont subi des baisses allant de 6 à 10%.

Globalement, les secteurs défensifs retrouvent une fois encore les faveurs des investisseurs, qui demeurent concentrés sur le moindre rebondissement dans le conflit opposant l’Oncle Sam à l’Empire du Milieu. Cette guerre aux multiples thématiques (commerciale, technologique, diplomatique…) a clairement atteint son apogée avec les récentes intentions chinoises de créer un embargo sur les terres rares en réponse aux menaces de Trump d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les exportations chinoises.

Pourtant, une résolution rapide du différend commercial sino-américain était clairement anticipée par la majorité des investisseurs… Ces mêmes investisseurs ayant probablement occulté que nous assistions davantage à une rivalité stratégique amenée à durer plutôt qu’à un désaccord commercial conjoncturel.

Quels sont les éléments rassurants dans ce marasme ambiant ?

Aucune des deux parties n’a intérêt à ce que le conflit s’enlise au point d’emmener les principaux indices à la cave. Un constat qui prévaut d’ailleurs avant tout pour l’inénarrable président américain qui doit aussi revêtir jusqu’à fin 2020 son costume de candidat. L’échéance de l’espoir a même été clairement identifiée par Donald Trump « himself » : une réunion possible avec le président chinois Xi au sommet du G20 qui se tiendra fin juin. Suffisant pour ouvrir la voie à un accord ?

De l’autre côté de la tranchée, les négociateurs chinois, pas susceptibles pour un sou, ont continué de se rendre à Washington… preuve que la recherche d’un accord reste possible et qu’il est surtout recherché par les deux parties. La pression sur le locataire de la Maison Blanche vient également de son propre camp, puisque les fournisseurs américains sont désormais contraints de réclamer des dérogations pour continuer à travailler avec le mastodonte Huawei.

Pendant ce temps, dans les salles de marchés :

Les opérateurs assistent à la chute qui semble inexorable des taux souverains. Ainsi, le rendement 10 ans français tend vers 0%… quand son pendant allemand vogue autour des -0.25% ! La tendance est généralisée dans l’Euroland. Le phénomène est amplifié par des anticipations d’inflation toujours en berne.

Dans le cas du vieux continent, les révisions à la baisse de croissance contribuent à accentuer le phénomène propre au monde occidental dans son ensemble. La tendance qu’ont les actifs risqués à saluer positivement le phénomène ne doit pas nous amener à occulter ce que nous apprend l’exemple japonais (risque déflationniste, normalisation de la politique monétaire bien plus difficile à opérer qu’un assouplissement, etc…).

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