Quelques chiffres sur DNCA :

• 26 milliards d’euros sous gestion dont 10 milliards sur Eurose et 4,6 milliards gérés par le département performance absolue actions de Cyril Freu

• 4,3 milliards de collecte en 2017 (dont 1 milliard en Italie, 330 millions en Espagne + Amérique Latine et 220 millions en Belgique / Luxembourg)

• 112 collaborateurs dont 32 gérants et analystes

• 29 fonds

Une belle réussite mais encore beaucoup d’appétit

Depuis le rachat par Natixis il y a 3 ans, DNCA continue son développement en termes d’encours, de produits et de recrutement. Eric Franc, son Directeur Général, se félicite des dernières arrivées : « On a 3 recrues de qualité à la gestion avec Damien Lanternier, Pascal Gilbert et François Collet. »

La société a par ailleurs recruté 10 personnes pour faire face à une réglementation qui s’accentue. Elle a également décidé de prendre en charge le coût de la recherche et de lancer des parts « clean share » sans rétrocession. « Cela va être de plus en plus difficile pour un certain nombre d’acteurs qui vont devoir se rapprocher » prédit Eric Franc.

Une nouvelle structuration qui permettra de nourrir les ambitions de DNCA pour les années à venir en termes de développement, notamment sur les marchés européens. « On est un peu en retrait en Suisse » reconnaît Eric Franc qui vise également une progression en Allemagne et au Royaume-Uni.

L’autre objectif est la diversification de la collecte sur tous les fonds de la gamme. Un chantier déjà bien entamé depuis quelques années, en témoigne le rééquilibrage des encours avec une gestion diversifiée qui ne représente plus que 43% du total contre 60% en 2014.

Enfin, Eric Franc insiste sur l’importance des gérants, « pièce essentielle de DNCA » selon lui car le point fort de la société est de « faire cohabiter des gérants de qualité autour de Jean-Charles [Mériaux] ». DNCA va ainsi « continuer d’être à l’écoute des talents, comme lors des arrivées d’Isaac Chebar et d'Igor de Maack en 2007, de Cyril Freu en 2009, de Carl Auffret en 2012… » Eric Franc assure ne pas avoir de cible mais précise que la société n’hésitera pas en cas d’opportunité.

Le boss de Thales en guest-star

Un gérant d’entreprise aux côtés de gérants de portefeuille : DNCA frappe fort en invitant Patrice Caine.

Le PDG de Thales, dont DNCA détient 2% du capital, a expliqué les différents métiers de ce groupe de 64 000 salariés affichant près de 15 milliards de chiffre d’affaires, et son activité répartie à moitié en Europe et à moitié dans le reste du monde.

« Mr Caine est chez Thales depuis 2002 et Thales est dans nos portefeuilles depuis 2002. La valeur fait l'unanimité chez nous et elle est dans toutes nos gestions » précise Jean-Charles Mériaux, le Directeur de la Gestion, qui a rejoint DNCA en… 2002.

Europe first

Côté marchés financiers, DNCA se félicite également d’une « année 2017 où le risque a payé ».

La croissance mondiale est au plus haut et les bonnes nouvelles économiques s’accumulent. « On en a rarement eu autant et plus particulièrement en zone euro » constate Pascal Gilbert, gérant obligataire, qui estime cette dernière « très bien placée pour tirer son épingle du jeu ces prochaines années ».

3 sujets sont néanmoins à surveiller selon DNCA.

Premièrement, l’inflation va-t-elle redémarrer ? « La déflation est en tout cas terminée, ce qui est plutôt une bonne nouvelle » juge le gérant.

Le deuxième élément à prendre en compte est le changement de comportement des banques centrales.

Enfin, le dollar va-t-il tenir ?

Au secours, tout va bien !

Tous ces éléments font ressurgir la légendaire prudence de Jean-Charles Mériaux qui considère qu’il serait « étonnant que l'année 2018 se déroule de façon aussi linéaire que 2017. »

L’historique situation de cherté des marchés actions au niveau mondial l’interpelle également. « C’était le cas en 2000, c'était le cas en 2007, c’est le cas aujourd'hui... » se remémore le gérant qui reconnaît néanmoins un environnement bien différent car le marché actions actuel a vu de nombreuses sociétés enrichir les cotations des différents pays, notamment en Chine.

Les investisseurs se rappellent peut-être de cette fameuse phrase du Président de Citigroup : "Tant que la musique joue, il faut danser." C’était juste avant la crise des surprimes... « Nous, on écrit ça avec des points d'interrogation » résume Jean-Charles Mériaux.

Quel fonds DNCA êtes-vous ?

La société de gestion a su bénéficier de la dynamique des marchés avec de nombreux fonds affichant des performances à 2 chiffres en 2017.

Mais le meilleur résultat de la gamme a été obtenu par un fonds qui pèse (et c’est rare chez DNCA) moins de 100 millions : DNCA Invest Archer Mid-Cap Europe, géré par Don Fitzgerald. « Beaucoup de fonds comparables ont perdu en flexibilité car ils sont milliardaires mais le nôtre est encore petit donc il faut le regarder » conseille Jean-Charles Mériaux.

Si la maison reste optimiste en 2018, « on ne peut pas avoir un niveau de risque aussi haut qu'en début 2017 » avertit Jean-Charles Mériaux qui pense que l’on est à « un moment où il faut questionner ses allocations d'actifs sur un plan géographique et sur un plan classe d'actifs. »

Avec l’ajout d’options comme DNCA Invest Norden, la gamme permet désormais à l’investisseur de reconstituer une gestion européenne en assemblant les produits DNCA dans les proportions qu’il souhaite. « C’est un peu comme le vin de bordeaux » s’amuse le patron de la gestion.

S’il ne souhaite pas rentrer dans le sempiternel débat value vs croissance (« car chaque année je me trompe »), cet historique gérant value a tenu à souligner qu'il y a « de très bons gérants croissance chez DNCA. »

En résumé, la société de gestion propose désormais une gamme riche et complémentaire, couvrant l’ensemble des classes d’actifs sur les marchés européens. Elle a en ce sens lancé deux nouveaux fonds obligataires (DNCA Invest Alpha Bonds et DNCA Invest Flex Inflation) gérés par Pascal Gilbert et François Collet, un « couple de 12 ans » en provenance de La Française.

Eurose : « L'amour est dans le prêt »

La conférence a été également l’occasion d’assister à un véritable numéro d’équilibriste lorsque Philippe Champigneulle a expliqué la gestion d’Eurose dans le contexte actuel.

Le fonds atteint désormais 10 milliards d’euros et son plafond à 35% d’actions oblige le co-gérant à être inspiré sur la poche obligataire car l’environnement actuel y est particulièrement complexe.

« Il y une expression en français qui est : "faut aimer". Faire une randonnée de 10h sous une pluie glaciale par exemple, "faut aimer". C'est pareil pour la gestion obligataire en ce moment : "faut aimer". Mais on le fait quand même et on le fait avec amour » confesse Philippe Champigneulle.

Aujourd'hui, l'argent gratuit en zone euro provoque une situation très complexe qui se propage aux autres zones. « Il ne faut pas avoir qu'une vision négative et sombrer dans l'alcoolisme ou la télé réalité quand vous êtes gérant obligataire » partage Philippe Champigneulle, qui y trouve néanmoins certains éléments positifs, comme le fait de pouvoir prendre ses bénéfices.

Au sein d’Eurose, la poche obligataire ne s’est pas dégradée ces dernières années, et c’est même paradoxalement la part d’Investment Grade qui a progressé. « On n’a pas eu la tentation d'augmenter la part de High Yield pour aller chercher du rendement » explique le gérant.

La part d'actions est quant à elle montée jusqu’à quasiment son maximum de 35% et elle est aujourd'hui à 32%. Les gérants d’Eurose sont donc toujours favorables à la classe d’actifs, « avec toutes les réserves émises par Jean-Charles ». Une poche qui s’est d'ailleurs largement diversifiée puisqu’elle contient une quarantaine de titres contre seulement 17 en 2012 dont 14 toujours présents aujourd'hui.

En 2017, sur les 4,81% de performance d’Eurose, 15% est due à la contribution obligataire (soit 0,70%) alors que cette contribution était de 30% en 2012.

Le portefeuille conserve par ailleurs 10% de cash, « mais avec les obligations qui arrivent à échéance dans moins de 6 mois, on a près de 20% de liquidités » précise Philippe Champigneulle. Un cash virtuel qui donnera aux gérants l’occasion de profiter des prochains épisodes de volatilité.

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