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Pourquoi Donald Trump est inquiétant pour le climat ?
Valérie Demeure, Directrice de l’Analyse ESG chez Ofi Invest Asset Management, détaille les risques pour la transition climatique liés au retour de Donald Trump à la tête des États-Unis le 20 janvier 2025.
Climatosceptique, Donald Trump a réitéré durant sa cérémonie d’investiture sa volonté de retirer une nouvelle fois les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat, signé par Barack Obama en 2015, et de revenir sur les réglementations environnementales prises sous la présidence de Joe Biden. Celles-ci seraient selon lui « nuisibles » à l'économie américaine, et notamment à l'industrie pétro-gazière.
Parallèlement, les banques commerciales américaines, les assureurs, les gestionnaires d’actifs ont tous pris leurs distances avec les initiatives de lutte contre le changement climatique et la Réserve fédérale américaine a annoncé son retrait du groupe de réglementation des Banques Centrales sur le changement climatique.
Or, avec une production atteignant les 17,8 millions de barils par jour les États-Unis sont le premier pays producteur mondial de pétrole et de gaz, et le deuxième émetteur de gaz à effet de serre (GES). Pour rappel, le pays exploite du pétrole et du gaz de schiste, des ressources dites « non conventionnelles », qui nécessitent des techniques de pointe pour être extraites des roches dans lesquelles elles sont emprisonnées.
Un article de Novethic publié le 6 novembre dernier et citant le site de Carbon brief mentionnait que les politiques de Donald Trump pourraient entraîner une augmentation de 4 milliards de tonnes d’émissions de CO2 équivalent d’ici 2030, soit les émissions annuelles combinées de l’Union européenne et du Japon, ou les émissions combinées des 140 pays les moins émetteurs du monde.
Rappelons que lors de son premier mandat, de 2017 à 2021, Donald Trump avait abrogé plus de 160 normes environnementales issues de la présidence de Barack Obama, et il avait fait sortir son pays de l’Accord de Paris sur le climat, qui avait de nouveau été signé en 2021 par Joe Biden.
Cette fois ci, Donald Trump a promis d'aller encore plus loin en sortant de la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC). Cette position pourrait inciter d'autres pays à faire de même, ou du moins à limiter leur ambition alors que de nouveaux plans climatiques sont attendus l'année prochaine.
Les risques pour la diplomatie climatique seraient d’autant plus élevés que la capacité de résistance de l’Union européenne, en train de détricoter son Green Deal, est bien moindre qu’en 2017, si nous nous référons aux évolutions du rapport Draghi, qui remet en question les réglementations adoptées ces dernières années dans le cadre de ce Pacte vert pour renforcer la transparence en matière de durabilité et orienter les flux vers des capitaux verts (SFDR, CSRD, CS3D).
En outre, Donald Trump a publiquement évoqué le fait de revenir sur l’engagement financier des États-Unis envers le Fonds vert pour le climat. Le Projet 2025 de candidature de Donald Trump appelait également à se retirer de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI) - dont les États-Unis sont le plus important actionnaire - et à mettre fin aux contributions financières à ces organisations. Le pays contribue également à un cinquième du budget de la CCNUCC.
Malgré Donald Trump, la dynamique contre le réchauffement climatique a pris de l’ampleur
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2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Similaires aux travaux du GIEC et présentant des chiffres qui correspondent aux prévisions à l’échelle mondiale, les travaux du quatrième National Climate Assessment (2018) montrent que d’ici 2100, les températures moyennes dans le pays devraient augmenter d'au moins 4,4°C dans le cadre d’un scénario avec des taux similaires aux émissions actuelles de gaz à effet de serre, et d'environ 1,4°C si des mesures de réductions immédiates et rapides étaient mises en oeuvre. Et les États-Unis sont régulièrement en proie aux ouragans sur la côte Atlantique et le golfe du Mexique, à des phénomènes de méga-sécheresse dans le sud-ouest américain. Les récents incendies en Californie provoqués par les effets d’événements météorologiques extrêmes sont bien la conséquence du changement climatique.
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Les coûts de l’inaction se matérialisent par des risques judiciaires et l’explosion du coût des catastrophes climatiques pour les assureurs. Les affaires judiciaires qui pointent la responsabilité des États dans l’inaction climatique sont de plus en plus nombreuses. Dernière affaire symbolique, le procès de la Cour Internationale de Justice (CIJ) des Nations Unies, qui a auditionné durant deux semaines en décembre 2024 des scientifiques, des organisations non gouvernementales et nombre de pays subissant les effets du dérèglement climatique : Vanuatu, îles Cook, Marshall, Salomon, Côte d’Ivoire, Vietnam… (96 États et 11 organisations internationales). À l’initiative d’étudiants des petits États insulaires du Pacifique sous la menace d’immersions et des plus hauts risques « naturels », cette juridiction doit désormais déterminer les obligations qui, en vertu du droit international, incombent aux États pour protéger le système climatique et « d’autres composantes de l’environnement » contre les émissions anthropiques de gaz à effet de serre, et ce, pour les générations présentes et futures.
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Une étude publiée par npj Climate and Atmospheric Science dans la revue Nature montre que le coût des mesures pour limiter les conséquences de la fonte brutale de la calotte glaciaire (considérée comme un point de bascule) est quatre fois plus élevé que de tenter de limiter les dégâts avant le franchissement de ce point de bascule.
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Malgré une volonté fédérale, les États avancent individuellement. Si sur la scène internationale, les États-Unis peuvent faire figure de mauvais élève en matière de lutte contre le changement climatique, à l’échelle locale, des mesures d’avant-garde ou des succès symboliques au retentissement mondial se distinguent : du premier plan d’adaptation urbaine au changement climatique de la ville de Portland en 1993 à la victoire juridique en août 2023 de seize jeunes militants écologistes contre l’État conservateur du Montana qui voulait interdire l’analyse des émissions de GES et leurs conséquences sur le climat.
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Une part des électeurs américains est acquise à la cause climatique. En 2023, une étude de l’Université de Yale montrait que seuls 16 % des Américains ne croyaient pas au changement climatique, ce qui correspond à environ 49 millions de personnes. Ce sondage montre que l’acceptation du phénomène de changement climatique est plus répandue sur les côtes Ouest et Est en corrélation avec les taux élevés d'électeurs démocrates dans ces régions.
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Il y a un puissant élan économique lié à la transition mondiale, auquel les États-Unis ont participé et dont ils ont profité. Le développement des énergies vertes et des usines de batteries a notamment créé de la valeur et des emplois. Des bénéfices que les élus locaux américains ne seront pas prêts à sacrifier. Il reste aujourd’hui à savoir si la transition climatique pourra compter sur le pragmatisme de Donald Trump lors de son second mandat…
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